vendredi 30 septembre 2016
Les Mots de la poète Rina Lasnier revivent chez Arto, du 30 septembre au 16 octobre
Exposition Place aux Mots de Rina Lasnier
Du 30 septembre au 16 octobre 2016
Arto, 37 Saint-Jacques, Saint-Jean-sur-Richelieu
Du mecredi au dimanche, de 13h à 16h
18 auteurs et artistes ont plongé dans l'univers de la poète Rina Lasnier. Inspirés par un poème, un vers, un mot, ils ont créé 18 oeuvres originales présentées sous forme de livre.
Il est rare que l'on puisse ainsi approcher les oeuvres. Le plaisir n'en est que plus grand.
Belle découverte d'un univers poétique à redécouvrir.
mardi 14 juin 2016
L'exposition : Rina Lasnier, la Joie créatrice, 22 juin au 11 septembre 2016
Rina Lasnier, la joie Créatrice, du 22 juin au 11 septembre 2016
L'exposition sur la vie et l'oeuvre de la poète Rina Lasnier débute le 22 juin au Musée du Haut-Richelieu, au 182 rue Jacques-Cartier N., à Saint-Jean-sur-Richelieu.
Commissaire : Madame Diane Boudreau
http://www.museeduhaut-richelieu.com/nous-joindre.php#horaire
Pour un résumé succinct de son parcours voir le texte suivant:
http://schoolserver.xsce.org:3000/wikipedia_fr_all_2015-03/A/Rina_Lasnier.html
mardi 26 avril 2016
Quelques titres pour connaître l'oeuvre de la poète Rina Lasnier
Lors d'une conférence, on m'a demandé quelques titres des oeuvres de Rina Lasnier qu'on pourrait trouver en librairie.
Un conseil : aller voir dans les librairies de livres usagés et dans les bibliothèques. Et aussi à la Grande bibliothèque de montréal qui a tous ses livres et des documents numérisés accessibles.
Quelques sélections de ses poèmes faites à partir de 1970 :
http://parfumdelivres.niceboard.com/t9641-rina-lasnier : un site où vous retrouverez quelques extraits de poèmes.
Pour rencontrer Rina enfant, lire Miroirs, 1960.
Un conseil : aller voir dans les librairies de livres usagés et dans les bibliothèques. Et aussi à la Grande bibliothèque de montréal qui a tous ses livres et des documents numérisés accessibles.
Quelques sélections de ses poèmes faites à partir de 1970 :
- Poèmes, 1 et 2, Fides, collection Le Nénuphar, 1972;
- Le Choix de Rina Lasnier, Presses laurentiennes, 1981, 78 p.; (c'est la poète qui a fait une sélection de ses poèmes);
- Entendre l'ombre, Noroît, 1981;
- L'Ombre jetée I, poèmes 1971-1978, Écrits des Forges, 1987, 246 p.;
- L'épanouissement de l'ombre, 2011, Noroît
http://parfumdelivres.niceboard.com/t9641-rina-lasnier : un site où vous retrouverez quelques extraits de poèmes.
Pour rencontrer Rina enfant, lire Miroirs, 1960.
mercredi 20 avril 2016
Jeunesse et débuts littéraires de Rina Lasnier, conférence le 24 avril 2016
Sur les pas de Rina Lasnier, (1910-1997) conférence
Comment devient-on poète alors qu’on est une petite fille née entre pommiers et fermes dans la vallée du Richelieu, une écolière studieuse d'un pensionnat religieux, une jeune fille sportive canotant sur lacs et rivières, courtisée et choyée ?
L’auteure Marie Lasnier vous emmène sur les pas de la petite Rina qui deviendra une des premières poètes québécoises aux côtés de Saint-Denys Garneau, d'Alain Grandbois et d'Anne Hébert.
L’auteure Marie Lasnier vous emmène sur les pas de la petite Rina qui deviendra une des premières poètes québécoises aux côtés de Saint-Denys Garneau, d'Alain Grandbois et d'Anne Hébert.
- Prochaine conférence :
- 24 avril 2016, à 14h, à la bibliothèque Adélard-Berger, Saint-Jean-sur-Richelieu, nombre de places limité, inscription à la bibliothèque Abélard Berger.
Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention de la MRC du Haut-Richelieu, de Culture et Communications du Québec et de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. La société du Vieux-Saint-Jean et la Corporation du Fort Saint-Jean ont été partenaires dans ce projet.
vendredi 8 avril 2016
L'audioguide SUR LES PAS DE RINA LASNIER maintenant disponible
L'Audioguide Sur les Pas de Rina Lasnier, maintenant disponible
Vous pouvez le télécharger directement sur votre téléphone intelligent sur le site du Vieux-Saint-Jean ou louer un baladeur numérique au bureau d'information touristique au 31, rue Frontenac, Saint-Jean-sur-Richelieu.
Site du Vieux-Saint-Jean
Site du Vieux-Saint-Jean
Le musicien Robert Len et Marie Lasnier en cours d'enregistrement, janvier 2016
Blog Sur les pas de Rina Lasnier
Cette recherche a été rendue possible grâce à une subvention de la MRC du Haut-Richelieu, de Culture et Communications du Québec et de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu.
Rina Lasnier et le Richelieu
Rina Lasnier, 1910-1997 |
Les poètes sont dans nos vies pour nous transmettre la beauté du monde.
C’est au bord du Richelieu que Rina Lasnier apprivoise la poésie. Elle y capture le scintillement argenté de l’eau, la patience du pêcheur, le bruissement des saules. La rivière, elle la regarde avec son âme.
Les mots, comme le courant, glissent de sa plume. Ils se font de plus en plus exigeants.
Bientôt la poésie l’entraîne vers des eaux de plus en plus profondes, de plus en plus solitaires. Rina navigue alors au grand large, à l’affût de l’invisible, de l’indicible, de l’intime. Elle nous rapporte de ses plongées des grains de ciel, des mots qui nous illuminent encore.
En vous promenant le long de la rivière, écoutez le bruissement des feuilles, le clapotis de l’eau, vous y entendrez la voix de Rina qui s’émerveille encore.
extrait du texte de Marie Lasnier, lors du dévoilement de la plaque commémorative, à la Place des spectacles, rue Richelieu, Saint-Jean-sur-Richelieu, le 28 juillet 2013.
Attention à la poésie si voulez qu’elle vous dise quelque chose, prenez- la très au sérieux.
Ce n’est pas un passe-temps, ce n’est pas quelque chose qui pousse tout seul.
Elle est immergée dans la société, dans les idées courantes, enfin dans l’ensemble de la culture.
Rina Lasnier
Face à la rivière, à l’ombre d’un grand parc veille une plaque discrète. Si vous vous en approchez vous y lirez les mots de la poète Rina Lasnier, celle qui a appris à pêcher les mots en compagnie des pêcheurs du Richelieu.
Nous étions si différents lui et moi...lui le pêcheur de fretin, et moi, la pêcheuse d’étoiles ;
…..
tandis qu‘il levait la tête vers le ciel engrisaillé, je regardais les frêles îlots des nuages mirés dans l’eau ;
...
tandis qu’il musardait sur le quai ou sur la berge, je songeais gravement à ceux qui ont des yeux et ne voient point.
Nous étions si différents...Pourtant un jour il me dit : “Vous emportez un livre, j’emporte ma canne à pêche, mais nous venons tous deux pour elle...pour la rivière.”
Nous étions si semblables lui et moi...lui, pêcheur bredouille, et moi, la pêcheuse d’étoiles.
Voisinage, dans Images et proses, p, 83-84
Ses premiers mots, elle les a pêchés au bord du Richelieu, mais bientôt elle sera entraînée vers les eaux profondes de la création.
Marie Lasnier
Images et Proses de Rina Lasnier, 1941
mages et Proses, publié en 1941, est le premier recueil de poèmes de la poète Rina Lasnier. Elle ne pense pas encore à devenir poète. Idéal trop grand, trop haut pour celle qui doute de son talent. Elle explore plutôt l'écriture théâtrale. Elle vient de publier en 1939 Féerie indienne, pièce sur la jeune Katéri Tékakwitha.
Cependant le photographe Tavi lui propose d'écrire des textes à partir de ses photos. Elle se lance dans cette collaboration qui échoue. Elle poursuit le projet seule, utilisant les photos de l'artiste.Il en résulte en 1941, Images et proses où la poète raconte ce qu'elle a vu avec les yeux émerveillés de l'enfance. Plusieurs poèmes sont des inventaires, mais certains se démarquent et annoncent l'oeuvre.
Un bref aperçu de cette première oeuvre :
Cependant le photographe Tavi lui propose d'écrire des textes à partir de ses photos. Elle se lance dans cette collaboration qui échoue. Elle poursuit le projet seule, utilisant les photos de l'artiste.Il en résulte en 1941, Images et proses où la poète raconte ce qu'elle a vu avec les yeux émerveillés de l'enfance. Plusieurs poèmes sont des inventaires, mais certains se démarquent et annoncent l'oeuvre.
Un bref aperçu de cette première oeuvre :
Lorsque j’étais petite fille (extrait)
Lorsque j’étais petite fille, je savais que l’été se cache sous la robe fleurie du printemps …..
Je savais pourquoi je dessinais des insectes pareils à des fleurs et des fruits pareils à des astres……
Lorsque j’étais une petite fille, je m’étonnais qu’on appelât saleté le pollen doré dont je fardais la rose de mes joues ;
j’ignorais pourquoi seule ma poupée partageait mon émerveillement devant cette framboise assez grosse pour coiffer mon pouce ;
je ne comprenais pas pourquoi le pont de l’irréel s’effondrait sous les pas des grandes personnes ;
j’ignorais pourquoi l’enfance reste un royaume de solitude et de joie….
Images et Proses, 1941
Beauté
Laisse le nénuphar au lac, laisse le poète à sa solitude;
le nénuphar n’a pas dédaigné le pré ou le jardin, le poète n’a pas choisi de chanter;
même s’ils baignent dans l’eau de la beauté, ils restent mêlés à la boue de la terre par toutes leurs racines.
Une goutte d’eau… quand on a soif du lac entier… un poème,,, quand on poursuit la beauté absolue…
Laisse le nénuphar à la coupe changeante du lac, laisse le poète à la coupe sans bords du rêve…
Images et Proses, 1941
Impatience
Écoute ma turbulente aventure et le sonore appel de mon impatience ;
………..
de même un peu d’eau qui bouge émeut plus que beaucoup d’eau éparse ;
……
je cueille l’eau glissée de la main, la gouttelette roulée du brin d’herbe et le filet échappé de la source aveugle ;
je lui redonne sa joie qui n’est pas d’espérer mais de conquérir, ni d’être bue par les grèves molles ou les fissures avides, mais de courir et d’entraîner.
Écoute ma turbulente aventure et le sonore appel de mon impatience ;
…….
je déchire en passant l’image enluminée de la forêt, je lui arrache ses chansons et son silence ;
je tisse de sinueuses dentelles d’écume n’ayant pas le temps d’attendre la grâce lente des nénuphars ;
je connais ma soif, le vent ne peut violenter mon coeur fugace et me détourner de ma voie exaspérée ;
je cours apprendre si la profondeur de la mer me désire comme je la désire.
Images et Proses, 1941
Belle découverte,
Marie Lasnier
Madones canadiennes de Rina Lasnier, 1944
Depuis 1939, Victor Barbeau, écrivain et professeur, conseille la jeune débutante. Grâce à son appui, Rina Lasnier publie sa première oeuvre, la pièce Féerie indienne. Devenu son mentor littéraire, Victor Barbeau l'introduit dans le milieu littéraire de Montréal, principalement à l'Académie Canadienne-française, association d'écrivains dont font partie Alain Grandbois, le chanoine Lionel Groulx, François Hertel, Philippe Panneton (Ringuet), Marius Barbeau.
En 1943, ce dernier demande à la jeune écrivaine d'écrire quelques textes pour accompagner une recherche sur la broderie traditionnelle. Rina Lasnier, qui ne sait pas coudre un bouton, ne peut accepter cette collaboration.
L'ethnologue lui propose quelque temps plus tard d'écrire quelques textes pour accompagner sa recherche sur les Madones au Québec. Rina Lasnier, enthousiaste, accepte. Il en résulte Madones canadiennes, en 1944, dans lequel on retrouve les photos de 53 madones québécoises, chacune est accompagnée d'une note de Marius Barbeau et d'un poème de Rina Lasnier.
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce recueil où les poèmes se rapprochent de la prière, c'est la voix de la jeune poète qui perce sous une forme assez convenue. En filigrane, elle nous parle d'elle, de son enfance, de sa grand-mère, de ses amours...
En voici quelques extraits :
Mère de nos mères
poème dédié à Délia Galipeau, grand-mère maternelle de Rina Lasnier
Mère de nos mères terriennes,
Mère de nos aïeules dont le temps
filait un à un les cheveux blancs
tandis qu'elles filaient la laine !
vieilles aux longues jupes démodées
où descendent deux mains usées,
comme des ruisseaux épuisés
de courir et de désaltérer ;
leurs genoux gardent pendant un siècle
le besoin des agenouillements,
sur leurs lèvres la prière descend
comme la neige sur un arbre sec ;
(...)
leurs regards, pareils à l'eau pure
sur la bouche pleine d'aigreur,
sont des aromates sur les blessures
et des auréoles sur les bonheurs (...)
Notre-Dame de l'enfance
Parce que mon enfance leur était une source scellée - mon enfance fermée sur une abîme de lumière,
Parce que j'avais vu la Nuit venir ramasser les ombres - pour en fabriquer des songes,
Parce que je pouvais d'un mot construire le temple de ma joie - le temple où s'émerveillait mon âme pèlerine,
Parce que mes silences élargissaient les quatre horizons - pour créer des espaces où fleurissaient les visions (...)
Seule avec la beauté, j'ai traversé la pluie, la neige - le vent où les ailes tournent comme des feuilles.
J'ai bu le feu de la soif - j'ai dévoré la détresse de la faim.
Marie, où est ce petit âne gris - qui comme moi, portait sur ses épaules
La plus haute histoire du monde - et l'enfance exilée du ciel le plus haut ?
La perte de Jésus dans le temple
La mer de mon amour
a coulé par mille ruisseaux.
J'ai perdu l'amour
et ne sais qui a bu ses eaux.
La forêt de mon amour
a croulé par mille feuilles.
Ah! cette chute d'amour
c'est l'hiver qui la cueille ?
Le champ de mon amour
de mille soleils s'est flétri.
Ils ont brûlé mon amour
sans laisser un seul épi (...)
Marie, redonnez-moi, accrus,
les mille ruisseaux perdus,
les mille feuilles détachées,
les mille épis dénoués.
(...)
Je cherche avec Vous l'amour
qu'on trouve dans la douleur
et l'extase du retour
oubliant de sécher ses pleurs !
En 1943, ce dernier demande à la jeune écrivaine d'écrire quelques textes pour accompagner une recherche sur la broderie traditionnelle. Rina Lasnier, qui ne sait pas coudre un bouton, ne peut accepter cette collaboration.
L'ethnologue lui propose quelque temps plus tard d'écrire quelques textes pour accompagner sa recherche sur les Madones au Québec. Rina Lasnier, enthousiaste, accepte. Il en résulte Madones canadiennes, en 1944, dans lequel on retrouve les photos de 53 madones québécoises, chacune est accompagnée d'une note de Marius Barbeau et d'un poème de Rina Lasnier.
Ce qu'il y a d'intéressant dans ce recueil où les poèmes se rapprochent de la prière, c'est la voix de la jeune poète qui perce sous une forme assez convenue. En filigrane, elle nous parle d'elle, de son enfance, de sa grand-mère, de ses amours...
En voici quelques extraits :
Mère de nos mères
Vierge et enfant, 1755 |
Mère de nos mères terriennes,
Mère de nos aïeules dont le temps
filait un à un les cheveux blancs
tandis qu'elles filaient la laine !
vieilles aux longues jupes démodées
où descendent deux mains usées,
comme des ruisseaux épuisés
de courir et de désaltérer ;
leurs genoux gardent pendant un siècle
le besoin des agenouillements,
sur leurs lèvres la prière descend
comme la neige sur un arbre sec ;
(...)
leurs regards, pareils à l'eau pure
sur la bouche pleine d'aigreur,
sont des aromates sur les blessures
et des auréoles sur les bonheurs (...)
Notre-Dame de l'enfance
Parce que mon enfance leur était une source scellée - mon enfance fermée sur une abîme de lumière,
Parce que j'avais vu la Nuit venir ramasser les ombres - pour en fabriquer des songes,
Parce que je pouvais d'un mot construire le temple de ma joie - le temple où s'émerveillait mon âme pèlerine,
Parce que mes silences élargissaient les quatre horizons - pour créer des espaces où fleurissaient les visions (...)
Seule avec la beauté, j'ai traversé la pluie, la neige - le vent où les ailes tournent comme des feuilles.
J'ai bu le feu de la soif - j'ai dévoré la détresse de la faim.
Marie, où est ce petit âne gris - qui comme moi, portait sur ses épaules
La plus haute histoire du monde - et l'enfance exilée du ciel le plus haut ?
La perte de Jésus dans le temple
La mer de mon amour
a coulé par mille ruisseaux.
J'ai perdu l'amour
et ne sais qui a bu ses eaux.
La forêt de mon amour
a croulé par mille feuilles.
Ah! cette chute d'amour
c'est l'hiver qui la cueille ?
Le champ de mon amour
de mille soleils s'est flétri.
Ils ont brûlé mon amour
sans laisser un seul épi (...)
Marie, redonnez-moi, accrus,
les mille ruisseaux perdus,
les mille feuilles détachées,
les mille épis dénoués.
(...)
Je cherche avec Vous l'amour
qu'on trouve dans la douleur
et l'extase du retour
oubliant de sécher ses pleurs !
La poésie selon Rina Lasnier
La poésie ne se lit pas, elle s'écoute avec
et par le silence de l'étonnement émerveillé, avec le cri intérieur de
la célébration. Il faut qu'elle déconcerte et révèle à la fois, qu'elle
comble le vide inguérissable de tout homme attentif.
Le don de poésie, le pouvoir du poète n'est rien d'autre que cette sensibilité métaphysique selon les essences des choses, et accessible au coeur.
Don gratuit qui traverse le poète, à la fois pour le déchirer et le rapprocher du mystère de l'indicible. Une poésie que ne pénètrent ni la mort ni l'amour, ni la douleur ni la beauté, ni la détresse et le mal du monde n'est plus poésie…
...(Un poème) reste sable de mer ou de lumière dans la nuit créatrice.
Rina Lasnier, Avant-dire, dans Le choix de Rina Lasnier, Presses Laurentiennes, 1981.
Escales de Rina Lasnier, 1950
Quelques poèmes de Escales, Bien public, Trois-Rivières, 1950
Nocturne
Nous cherchions des liens plus purs et plus tendres
Que ceux des sources avec la mer et les lèvres ;
Nous cherchions des feux plus vifs et plus entre-croisés
Que les glaives des aubes et des regards ;
Nous cherchions notre amour dans la gloire du jour
Et nous avons touché la nuit des astres séparés.
Le Centre
J'ai perdu les ceintures changeantes des horizons,
La mue des hivers, le décompte des moissons ;
J'ai perdu la terre chaude et ses couvées,
le babel des nuages et ses échos levés ;
J'ai perdu l'ornement qui trompe le visage,
Le déroulement des gestes parés comme des présages ;
J'ai perdu tout le cercle à courir vers le centre,
J'ai quitté le jeu pour comprendre ton silence,
J'ai oublié la toupie chantante de mes jours
Pour ce point immobile et seul de l'amour.
Au bord de l'eau
Je serai à genoux dans ma robe comme l'eau
Et tu ne verras pas que je tremble de toi ;
Mon âme prise à ton image au fond de l'eau
Et tu emportes mon baiser comme une proie...
Liens internet :
critique du recueil : par Jean-Louis Lessard, 2010 et quelques autres critiques :
http://laurentiana.blogspot.ca/2010/03/escales.html
poème : Le Centre lu par la poète :
https://www.youtube.com/watch?v=jmO8C0lNXxs
Nocturne
Nous cherchions des liens plus purs et plus tendres
Que ceux des sources avec la mer et les lèvres ;
Nous cherchions des feux plus vifs et plus entre-croisés
Que les glaives des aubes et des regards ;
Nous cherchions notre amour dans la gloire du jour
Et nous avons touché la nuit des astres séparés.
Le Centre
J'ai perdu les ceintures changeantes des horizons,
La mue des hivers, le décompte des moissons ;
J'ai perdu la terre chaude et ses couvées,
le babel des nuages et ses échos levés ;
J'ai perdu l'ornement qui trompe le visage,
Le déroulement des gestes parés comme des présages ;
J'ai perdu tout le cercle à courir vers le centre,
J'ai quitté le jeu pour comprendre ton silence,
J'ai oublié la toupie chantante de mes jours
Pour ce point immobile et seul de l'amour.
Au bord de l'eau
Je serai à genoux dans ma robe comme l'eau
Et tu ne verras pas que je tremble de toi ;
Mon âme prise à ton image au fond de l'eau
Et tu emportes mon baiser comme une proie...
Liens internet :
critique du recueil : par Jean-Louis Lessard, 2010 et quelques autres critiques :
http://laurentiana.blogspot.ca/2010/03/escales.html
poème : Le Centre lu par la poète :
https://www.youtube.com/watch?v=jmO8C0lNXxs
Miroirs de Rina Lasnier (1960)
Miroirs publié en 1960, est un recueil de récits et de contes où la poète s'arrête à des épisodes de son enfance.
Le saule raconte les explorations de la petite Messadée dans le saule de la ferme de son grand-père.
(Extraits)
Il occupait seul un vaste espace entre les bâtiments et la haute maison blanche de la ferme. Son tronc divisé à ras de terre s'élevait en deux fontaines d'ombre. Cette ombre, il la rattachait à soi comme une jupe maternelle où attirer et appuyer l'enfant…
Le saule formait le centre de la ferme, nœud vert de la réconciliation entre le corps et l'âme, entre l'effort et le rêve…
...Messadée voyant le saule délaissé désira son silence...Elle décida de voyager en hauteur puisque le soleil battait de feu toutes les routes rondes. Elle grimpa à la première branche forte et aussitôt une transformation s'opéra en elle. Elle n'était plus une fillette de sept ans collée à sa timidité comme une feuille à la pluie; elle se dépouillait de la contrainte des adultes et regardait les choses comme elle les trouvait, sans personne pour les nommer avant elle...
Le saule, c'était son vaisseau. Du premier pont elle voyait tout ce qui remuait dans
la cour…
Au deuxième pont, Messadée atteignait le touffu de l'arbre et ne distinguait rien, rien que le saule lui-même. Elle surprenait la chenille à houppes ondulantes ou la libellule faussement angélique…
Tout là-haut, au dernier pont de la dernière grosse branche, (elle) s'agrippe, connaît un instant de vertige et presque d'envol dès que son regard quitte le saule pour le ciel…
Le Saule dans Miroirs, 1960
Sud décrit le territoire de l'enfance entre le moulin à farine au bord du Richelieu et la gare entre ville et campagne.
(Extraits)
Messadée n'avait jamais cru que la terre fût ronde. Cela ne se pouvait pas ; d'abord parce que son imagination ne réussissait à relier les continents les uns aux autres par le pont bleu des océans; ensuite, Messadée se figurait la terre vaguement étendue et aplatie comme sur les cartes géographiques et cela convenait mieux à son goût de la démesure, de l'espace. D'instinct elle fuyait tout ce qui limite ou emprisonne, tels le cercle géométrique, la baie d'un lac, la base d'une montagne infranchissable.
Comment donc la terre pouvait-elle être ronde puisque tout le monde s'accordait à dire qu'on ne connaissait que deux pôles, le pôle nord en haut et le pôle sud en bas? Il existait donc une mystérieuse verticale, un chemin allant du nord au sud pour les voyages et les évasions?
(…)
Messadée s'évaderait un jour...En attendant ...(elle) avait fixé ses deux pôles aux deux extrémités de la ville ; elle voyageait de l'un à l'autre selon le temps et les permissions.
Le pôle nord, où on ne l'autorisait pas à se rendre seule à cause de la rivière, c'était le moulin à farine jeté entre deux bras d'eau; entre la rivière sauteuse et le canal huilé de calme vert (…)
Au pôle nord du moulin blanc et du meunier poudré de nuage, Messadée préférait le pôle sud marqué par la gare rouge assise à l'orée des champs comme une fraise à deux faces ; celle qui grimaçait vers la ville, celle qui souriait vers la campagne. Messadée allait souvent s'asseoir seule sur un banc soleilleux pour apaiser sa soif d'espace ou pour l'augmenter. Ce banc tiède c'était le port où commence le large...
Sud dans Miroirs, 1960
L'école ouverte décrit une école de campagne dans les Laurentides.
(Extraits)
Celui qui avait posé l’école des Quatre-Rangs sur l’épaule gauche de la colline devait être quelque colon puissant, depuis longtemps nourri de liberté et d’espace.
C’était la dernière école du dernier canton des Laurentides, et quand après avoir suivi le tortillon de la route on apercevait ce toit bleu et élevé à travers les ramures à claire-voie, on s’interrogeait sur cette couleur et sur la hauteur du faîte. L’école une fois atteinte, on constatait d’abord, qu’elle biaisait sur le chemin comme quelqu’un qui vous regarde nonchalemment par-dessus l’épaule. Ensuite on découvrait le lac en contre-bas du plateau; c’est dans cette cuve bleue qu’avait dû tremper la maisonnette et cet azur répété du lac et de l’école procurait répit aux verts amoncelés de la pinède. Quant au corps principal de la maison, il devait sa hauteur à quelque besoin de sécurité de celle qui l’habitait; car il est coutume que la maîtresse vive au même plan que son école, dans une ou deux pièces.
Au premier comme au second étage, on devait voir tourner dans les fenêtres le carrousel machinal des saisons et des jours.
(...)
Par la porte baîlllante, on peut apercevoir, derrière la tribune de la maîtresse, l’escalier conduisant au colombier ; la propreté, la coquetterie de la catalogne couvrant les degrés , laisse imaginer que là-haut tout est à l’avenant. Sous l’escalier, la chaudière d’eau fraîche et les gobelets en file indienne. En lieu de patère, des cornes de boeuf d’où pendent des manteaux couleur de feuilles mortes. À travers le chuchotis des écoliers, le tic-tac de l’horloge, monotone, perdu comme la vibration des insectes dans l’herbe de l’été.
Onze écoliers ; huit garçons, trois fillettes que les garçons font “endever” aux jours de pluie ! Mais entre eux tous, point ne se rompt cette entente spontanée de jeunes pousses du même terreau. Ils n’ont pas été versés en vrac, comme des cailloux, dans une grande boîte; mais l’école les a doucement drainés, un à un, ou deux à deux, au rythme des premières communions et des travaux de la ferme.
L’enfant des collines et des boisés sait beaucoup de choses, mais ce ne sont pas paroles imprimées, retailles étroites de connaissances disparates dont on fait une courtepointe pour couvrir beaucoup d’ignorance. Ce qu’il sait, l’écolier des Quatre-Rangs, il ne te le jette pas à la face comme paille émondée de son froment, mais il en fait poids d’homme pour te regarder et te jauger.
(...)
L’adolescent des villes, tu lui arraches son outil et tu lui mets un fusil à la place, et il apprend la guerre, sans savoir ce qu’est la paix ou la patrie ; mais celui des Quatre-Rangs qui va, aussi lent sous la pèlerine de la pluie sous la suée de juillet, lui te dira la paix sans avoir appris la guerre.
Ici, l’école s’adapte à l’écolier, et l’écolier ne sent plus l’école comme une écorce morte qui ne laisse passer ni la création ni le Créateur. Ici, le semeur sème, l’épouvantail épouvante et le soleil oriente.
Celle-là qui le jour ouvre les fenêtres pour nommer les choses, et les intelligences pour élever les choses, tu la vois, le soir, remonter doucement sa lampe et préparer pour tous le levain de la sagesse.
L'école ouverte dans Miroirs, 1960
Quelques liens sur la poète Rina Lasnier
Au fur et à mesure que je trouverai des liens intéressants sur Rina Lasnier, je les ajouterai à cet article.
http://oic.uqam.ca/fr/articles/lamericanite-canadienne-francaise-au-prisme-du-corps-dans-la-poesie-de-rina-lasnier (un article de cet ouvrage)
- Article dans Voix et Images, septembre 1978, Entrevue avec Rina Lasnier, un texte qui survole vie et carrière de la poète https://www.erudit.org/revue/vi/1978/v4/n1/200133ar.pdf
- Bibliographie de 1976, intéressante pour le recensement des articles parus dans les revues et journaux. https://www.erudit.org/culture/liberte1026896/liberte1031004/30892ac.pdf
- Un bref aperçu de Présence de l'absence http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/1216.html
- Site de Diane Boudreau qui a fait une recherche approfondie sur la vie et l'oeuvre de Rina Lasnier. Un vidéo survole en images la vie de la poète. http://www.jaimelefrancais.org/pages/rina-lasnier.html
- Résumé de la vie et de l'oeuvre par Diane Boudreau http://femmessavantes2.pressbooks.com/chapter/rina-lasnier-poetesse-dramaturge-et-journaliste-1910-1997/
- Les poètes de la solitude (Saint-Denys Garneau, Anne Hébert, Alain Grandbois et Rina Lasnier) http://103-lavery.weebly.com/poesie-de-la-solitude-1930-1960.html
- Quelques poèmes de Rina Lasnier traduits en espagnol http://victorbermudez.me/category/rina-lasnier/
- Présentation d'un ouvrage sur l'oeuvre de Rina Lasnier : Maternité poétique et dissidence
http://oic.uqam.ca/fr/articles/lamericanite-canadienne-francaise-au-prisme-du-corps-dans-la-poesie-de-rina-lasnier (un article de cet ouvrage)
- Usages de la Poésie : le discours des poètes québécois sur la fonction de la poésie (1945-1970)
- Documentaire sur le congrès marial de 1947 pour lequel Rina Lasnier a écrit un spectacle à grand déploiement avec choeur de plus de 100 jeunes collégiennes et collégiens.
Mémoire sans jours de Rina Lasnier
Mémoire sans jours, recueil de Rina Lasnier publié en 1960. Un recueil où on retrouve plusieurs registres, plusieurs sujets. Des abysses insondés de la création (La Malemer) en passant par les tambours haïtiens, les arbres, le Christ, le recueil se termine avec les automobiles. Manque d'unité peut-être, mais des poèmes marquants.
Le premier poème du recueil fait écho à Impatience dans Images et Proses. Ici on sent l'intensité de la poète dans sa volonté d'aller toujours de plus en plus loin dans sa création, illustrée ici par les abysses de la mer.
La Malemer (extraits)
Malemer, mer stable et fermée à la foudre comme à l'aile – mer prégnante et aveugle à ce que tu enfantes,
emporte-moi loin du courant de la mémoire – et de la longue flottaison des souvenirs ;
hale-moi dans ta nuit tactile – plus loin dans ton opacité que la double cécité de l'oeil et de l'oreille ;
malemer, toi qui ne montes plus sur la touffe fleurie des prés – comme une pensée fatiguée des images,
toi, qui ne laboures plus les grèves au cliquetis des cailloux – remuement de pensées au hasard des vocables.
Toi que n'enchaîne plus la chaîne des marées – ni le bref honneur des révoltes verticales,
que je sois en toi ce nageur rituel et couché – comme un secret aux plis des étoffes sourdes ;
sans foulée calculée – que je circule par tes chemins sans arrivages,
malemer – rature mon visage et noie cette larme où se refont les clartés,
que j'oublie en toi les frontières ambiguës de mon propre jour – et la lucide distance du soleil.
Mémoire sans jours, 1960
Rina Lasnier a été une enfant solitaire, mûrie trop tôt. Elle préfère les jeux solitaires de l'imaginaire aux jeux collectifs. Elle aime observer de loin sans être vue.
L’enfant poète
Il y aura toujours la table
L’enfant accoudé à son silence
Les yeux ouverts en étoiles
Et qui brûlent tout par délivrance
Il y aura toujours la nuit
La douleur tranquille des étoiles
Le bleu qui remue tant de sable
Il y aura toujours l’enfance
Qui choisit le feu par innocence
Le bleu de l’eau par attirance
Le débris des mots par impuissance
Mémoire sans jours, 1960
En 1950, la poète veille sa mère mourante. Les cris des martinets. qui se nichent dans les cheminées des alentours, lui rappellent la douleur de sa mère à la mort de nombreux nouveaux-nés ou très jeunes enfants. La perte de ses 10 enfants en bas âge l'a marquée. Un des poèmes les plus émouvants de l'oeuvre. L'auteur prendra 10 ans pour finaliser ce poème. Sans doute, dira-t-elle, parce que trop douloureux.
Les Martinets (extraits)
Je suis toutes les mères des enfants d’un jour,
La mort de l’un couvrant la naissance de l’autre,
Comme l’arbre de l’hiver, j’ai au flanc et à l’épaule
Des ombres qui grandissent déroutées de l’amour.
………..
J’ai enfanté ma chair adossée à la mort,
Par l’aigreur du lait pauvre aux aubes courbatues
Et par les eaux cendreuses du ventre assidu,
J’ai enfanté des fantômes en mocassins de mousse.
…………
Mes enfants d’un jour sont sable au sablier,
J’ai oublié leur nom de croix et de sainteté,
Comme la mémoire et le plasma des mers
Je porte en moi des naissances naufragées.
……….
Martinets, tourneurs nocturnes resserrant l’erre de ma douleur
Martinets, quand le sein ne sera plus l’étouffement,
Quand éclatera le cilice de mon coeur,
Ma mort maternelle sera multitude d’oiseaux blancs….
Mémoire sans jours, 1960
La dernière partie du recueil est dédiée à chacun de ses neveux et nièces. Et le tout dernier poème du recueil est dédié à tous les enfants. Petit clin d'oeil au commerce familial: son père, puis ses frères, et plus tard ses neveux, seront concessionnaires d'automobiles...Des automobiles, elle en a vu de toutes sortes depuis l'enfance puisque la famille vivait au-dessus du garage et des ateliers de mécanique.
Les Automobiles (extraits)
(Seuls animaux que connaissent les enfants)
Meute en chasse talonnée par la vélocité,
Coureuses des voies dures de la témérité,
Bêtes dociles au vertige des chauffards,
Mammouths modernes sur les fourmis et les morts.
Circuleuses des paysages faciles lentement dévidés,
Verres magiques aux bohèmes de la beauté,
Maraudeuses des amours à l'esbroufe,
Boîtes de Pandore ouverte d'un coup de pouce.
(…)
Culs-de-jatte assoupis sur leurs moignons,
Amputés des vols et des élans voyagers,
Refuge des chats, des lapins et des oignons,
Arches de Noé de nos jardins potagers.
Mémoire sans jours, Les Éditions de l'Atelier, 1960
jeudi 31 mars 2016
Le dernier recueil de Rina Lasnier : CHANT PERDU
Chant Perdu, publié aux Écrits des Forges, en 1983, est le dernier recueil de Rina Lasnier.
Dans ce recueil, l'auteure s'inspire du cosmos, des astres pour s'exprimer sur la poésie, ce chant perdu lancé dans l'univers qui dévie la mort de sa trajectoire. L'amour, la mort, le destin du Christ lui aussi confronté à la mort, et les trois paradis (la terre, la mer et le ciel), sont abordés en des poèmes concis, très denses.
Quelques mots de la poète sur ce recueil :
Pauvre décalque de la louange vivante du cosmos, de la terre, de l'homme tentant de remirer, de saisir avec hardiesse et précaution, toute transfigure, toute transparence des ailleurs.
Puisque la mémoire perd ses images, pourquoi le poète ne laisserait-il pas ses chants se perdre aux lieux inconnus?
Le recueil est dédié :
À tous les poètes du pays pour qui la poésie reste un acte de prédilection, de plénitude et de partage.
À celui, qui le premier, a donné joie et accompagnement à ces chants perdus.
Avant-dire
Le charbon dénie le diamant, le sable égare son or,
la lumière impétueuse des astres interroge la nudité des espaces.
Quelle trajectoire de sonorité soutient l'écho ? Comment l'écho exclut-il le vide pour ce filé pudique de la voix ?
L'astre, immergé dans son magnétisme, passe avec la clameur explosive de sa perte ; mais ses fulgurances chantent en choeur la rupture de l'incommensurable Nuit!
Ainsi...que le poète se perde et paie seul le prix de la poésie, la joie brusque du chant perdu...
Ici dans le poème suivant, la poète s'amuse avec la forme de l'étoile. Un moment de légèreté rare dans son oeuvre.
Dans ce recueil, l'auteure s'inspire du cosmos, des astres pour s'exprimer sur la poésie, ce chant perdu lancé dans l'univers qui dévie la mort de sa trajectoire. L'amour, la mort, le destin du Christ lui aussi confronté à la mort, et les trois paradis (la terre, la mer et le ciel), sont abordés en des poèmes concis, très denses.
Quelques mots de la poète sur ce recueil :
Pauvre décalque de la louange vivante du cosmos, de la terre, de l'homme tentant de remirer, de saisir avec hardiesse et précaution, toute transfigure, toute transparence des ailleurs.
Puisque la mémoire perd ses images, pourquoi le poète ne laisserait-il pas ses chants se perdre aux lieux inconnus?
Le recueil est dédié :
À tous les poètes du pays pour qui la poésie reste un acte de prédilection, de plénitude et de partage.
À celui, qui le premier, a donné joie et accompagnement à ces chants perdus.
Avant-dire
Le charbon dénie le diamant, le sable égare son or,
la lumière impétueuse des astres interroge la nudité des espaces.
Quelle trajectoire de sonorité soutient l'écho ? Comment l'écho exclut-il le vide pour ce filé pudique de la voix ?
L'astre, immergé dans son magnétisme, passe avec la clameur explosive de sa perte ; mais ses fulgurances chantent en choeur la rupture de l'incommensurable Nuit!
Ainsi...que le poète se perde et paie seul le prix de la poésie, la joie brusque du chant perdu...
Ici dans le poème suivant, la poète s'amuse avec la forme de l'étoile. Un moment de légèreté rare dans son oeuvre.
Modestie des étoiles
Baller aux feux froids des neiges
se pointer à tire-tête d'herbes
briller à l'encolure du bois coupé,
sourdre inutile au ressac troussé
Régner par floralies crucifères,
cligner à fêlure de verre fendu
rondir Paris en Place de l'Étoile
tomber ciel sus américaine bannière…
****
Tant de faux apparoirs, tant de simagrées
pour cacher quelques larmes sans feu ni lieu…
Chant perdu, Écrits des Forges, 1983
vendredi 25 mars 2016
Lancement de l'audioguide Sur les pas de Rina Lasnier
«Pour
réfléchir et pour rêve, j’empruntais le chemin de halage. Je
faisais halte, soit pour noter un poème, soit pour m’allonger dans
l’herbe et même grimper dans mon saule...» Rina
Lasnier
Arto
vous invite au lancement de l’audioguide
Sur
les pas de Rina Lasnier
Le vendredi 8 avril 2016, de 17h à 19h
37,
rue Saint-Jacques, Saint-Jean-sur-Richelieu
Ce nouvel audioguide retrace la jeunesse et les débuts littéraires de la poète Rina Lasnier. Dès le 8 avril* 2016, il sera disponible pour accompagner le visiteur dans le Vieux-Saint-Jean où la poète a vécu de 1913 à 1955. Le circuit suivra pas à pas l'enfant solitaire, l'adolescente passionnée, la jeune femme au destin contrarié et, enfin, la jeune écrivaine déterminée à chanter la beauté du monde.
L'auteure
Marie Lasnier a rassemblé témoignages, photos, correspondances
pour dresser un portrait de cette femme passionnée pour qui la
poésie était un rêve inespéré.
La
trame sonore du musicien Robert Len et les voix des comédiennes Rina
Cyr et Hélène Lasnier raconteront cette destinée hors du commun.
Lors du lancement, ces mêmes artistes vous offriront en poésie et en musique un avant-goût du nouvel audioguide...
Au plaisir de le partager avec vous.
Marie Lasnier
* Dès le 8 avril 2016, vous pourrez le télécharger sur le site de la Société de développement du Vieux-Saint-Jean http://vieux-saint-jean.com/ ou louer un baladeur numérique au bureau d'information touristique au 31, rue Frontenac, Saint-Jean-sur-Richelieu.
Cette recherche a été possible grâce à une subvention de la MRC du Haut Richelieu, de la ville de Saint-Jean-sur-Richelieu et du ministère de la Culture et Communications du Québec.
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